Une pure féerie. Elégant, truculent, fantasque, Eduardo Manet nous emmène voyager avec lui dans son passé cubain… Les années s’égrènent, des musiques d’une beauté déchirante s’élèvent et se tordent dans les airs, la nostalgie est légère et les événements, souvent lourds… Comment fait-on pour prendre définitivement congé de son pays natal adoré, de sa mère, de ses amis, de ses plus ardents espoirs politiques ? Autant de questions graves qu’aborde Manet dans ce texte étonnant, qu’il dit ou chante avec tant de naturel que nous avons l’impression d’être non pas au théâtre mais quasiment dans son cerveau…. La mise en scène de Camilla Saraceni est magistrale, subtile et déroutante : la grande glace tantôt reflète les personnages, tantôt les engloutit…tout comme le temps. Au bout de seulement un peu plus d’une heure, ils reviennent de loin, les spectateurs !
Par l’écrivain Nancy Huston