ÉTRANGÈRE-TÉ

« L’art est une blessure qui devient lumière » Georges Braques

Texte de Sylvie Cavé

Conception, dramaturgie et mise en scène Amahí Camilla Saraceni

Images Laurent Larivière

Lumières Eric Wurtz.

Musique Laurent Petigand

Interprètes : Katia Medici, Vittoria Sconamiglio, Lyasid Kimoun, Gilles Nicolas, Eloïse Vereecken, Djibril Pavadé

Assistant à la mise en scène Antonio Palermo. Accessoires Emmanuelle Daverton

Production théâtre de Léthé à Paris – compagnie Camilla Saraceni avec le soutien du Conseil Régional d’Ile-de-France (aide à l’équipement) et le Département de l’Essonne.

Avec le soutien pour le recueil des témoignages du Théâtre de l’Agora SN d’Evry et de l’Essonne, l’association Génération Femmes, l’association OSER, la Préfecture de l’Essonne, le collège des Pyramides, la DRAC Ile-de-France, le Ministère de la Culture et de la communication – Plan Espoir Banlieues, la Protection Judiciaire de la Jeunesse, projet aidée par le département de l’Essonne et la politique de la ville.

Répétitions au théâtre du Soleil – Ariane Mnouchkine juillet 2011

7 Octobre 2011 Théâtre de l’Agora Scène national d’Évry et de l’Essonne (tournée en cours).

Diffusion : Delphine Coumau Roustaing 06 61 46 41 81 droustaing@yahoo.com

 

PRÉSENTATION

C’est une évocation à la fois multiple, vivace et ouverte sur une grande variété d’articulation entre problèmes et atouts de la « vie au pays » et de la vie en terre d’immigration, dont l’extrême diversité donne un peu le vertige.

Tout cela sans acrimonie et avec un tour positif dont la contrepartie moins enthousiasmante émerge avec humeur. (Savoir plus la suite de ce texte)

Je me demande si, en source très lointaine, on ne peut voir se profiler un malaise profond, qui est celui de la présente étape de nos civilisations à la fois entre-heurtées, et entre-mélangées, à savoir qu’elles font de chacun, à certains égards, un étranger partout dans sa situation vécue : l’immigré chez lui ainsi que dans le pays d’immigration, et l’autochtone sédentaire, dans son propre milieu vis-à-vis de la variété des cultures—et de sa propre culture—que lui présente l’afflux d’émigrés…

N’est-ce pas là l’un des tours de manivelle du déboussolage universel par lequel se poursuit l’instauration du chaos : l’oblitération des références

culturelles de tous plutôt que l’affermissement des recours qu’elles pourraient continuer à constituer grâce à une détermination—épurée de ses bavures au contact des autres—de sa spécificité structurante clairement située ?

L’abattement et l’effroi qui s’empare de nous quand nous regardons cette génération sans passé, sans culture, sans buts. La fierté des parents, qui ont tout sacrifié pour donner une meilleure vie à ces enfants sans jamais rien transmettre de leur histoire, de leur pays d’origine, l’hypocrisie de ces parents sans doute qui se voilent la face et laissent leurs gosses dans « cette rue », avec ses « bandes » pour tout horizon….

C’est un déboussolage universel, un vertige protéiforme dans lequel nous naviguons, individuellement très privilégiés, et humainement très concernés, car c’est notre monde, celui dans lequel nous espérons élever nos enfants…

Parfois on se demande où se situe la ligne entre ce qu’on apprécie ou ce qu’on réprouve et à laquelle des sociétés on assigne le paradoxe : préférer regretter ou regretter préférer ? »

Je suis frappé de ce que nos modes de vie occidentaux, d’étapes vers un essor matériel et culturel qu’ils étaient pour les immigrants avant et après la première guerre mondiale, soient devenus les fossoyeurs de toutes les cultures, entre la deuxième guerre mondiale et aujourd’hui.

C’est le volet « import-export » de l’oblitération culturelle des sociétés occidentales elles-mêmes, rendant chacun étranger où qu’il soit : lorsque le mode de vie, au lieu de servir le façonnage de l’être humain, le dessert, chacun se sent confusément étranger partout car son implication dans l’effort quotidien le rend étranger à l’essentiel.

Propos tenus par l’auteur et Michel S. suite à une lecture publique