LA NUIT ACOUSTIQUE

Considérée d’un point de vue guerrier, l’oreille est une cible vulnérable : on ne peut pas la fermer, on ne choisit pas ce qu’elle entend, et les sons qui l’atteignent peuvent modifier profondément notre état psychologique ou psychique. À compter de la seconde moitié du XXe siècle, la recherche scientifique sur les usages militaires et policiers du son se développe : on ne veut plus simplement avertir, détecter, intimider l’ennemi ou galvaniser ses propres troupes, mais exploiter les effets biologiques du son, puisqu’à certaines fréquences et à certaines intensités les ondes sonores, qui ne sont ni plus ni moins que des vibrations mécaniques, peuvent avoir un effet nocif sur l’oreille et sur le corps fou entier.
Juliette VOLCLER, Le Son comme arme. Les usages policiers et militaires du son.

 

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ur Onde #4 s’intitule “La Nuit Acoustique” et s’articule autour des musiques de Laurent Durupt et Alexandros Markeas.
L’argument fondamental de ce spectacle est une lecture lucide, parfois cynique, souvent comique, de documents traitant du son comme moyen de manipulation.
L’excellent ouvrage de Juliette Volcler intitulé « Le son comme arme », découvert par hasard au détour d’un couloir à Pékin, fut en 2102 un choc important pour le compositeur Laurent Durupt. La perspective du son auquel nous, musiciens, vouant notre vie, utilisé comme onde de choc, de contrôle ou de torture, lui fut en effet insoutenable : “Je m’étais ainsi mis à travailler immédiatement sur un premier projet créé en 2013 à Londres, en rapport avec cette thématique qui ne cesse de me hanter depuis…” « La nuit acoustique » est une nouvelle manifestation de cette obsession, faisant référence dans le titre à l’une des dernières lettres d’Urlike Meinhof décrivant ses sensations issues de la torture pas la privation sensorielle. Ce spectacle, coécrit par les interprètes et les compositeurs, ne se veut ni alarmiste, ni didactique, encore moins moralisateur ; c’est un espace d’écoute de ces sons détournés par la science et l’armée, que les membres de WARNI!NG se réapproprient.
Les processus cognitifs liés à la perception de l’espace, en jeu lorsque le spectateur est face à une oeuvre d’art, sont ici centraux. Il parait essentiel de jouer sur les phénomènes complexes de sensibilité et de mémoire, d’imagination, d’émotions et de création qui se mettent en marche chez le spectateur, et qui définissent à chaque instant la perception de son monde environnant.

Contact : La nuit acoustique (sur onde # 4) collectifwarning@gmail.com

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